La mort d’un proche nous déstabilise, nous force à nous poser des questions bien compliquées : que faire face aux maladies incurables ? quelle place donner aux personnes âgées ? pourquoi la mort ? qu’y a-t-il après ? et pendant ce temps-là, que fait Dieu ? ces questions sont complexes, mais surtout douloureuses car elles nous font penser à ceux qui sont partis trop tôt et que nous aimons toujours. Je crois qu’il faut aborder ces questionnements de la fin de vie, et affirmer 3 convictions :

La grâce est partout, même là où on l’attend le moins. Des paroissiens sont allés au Maroc, pas pour aller à la plage, mais plutôt en pèlerinage. Là-bas ils ont rencontré Philippe Pozzo di Borgo, vous savez le fameux handicapé du film « intouchables ». Ils ont été frappés par celui qui ne cesse de dire qu’en devenant immobile sur un fauteuil roulant, il a découvert un monde qu’il ne connaissait pas, où chaque geste de tendresse, chaque attention à un si grand pouvoir. Cette expérience je le crois, certains d’entre nous l’ont faite aussi. Les enfants d’un défunt m’ont dit : en accompagnant notre père touché par le cancer, nous avons eu des moments intenses de communion avec lui, que nous n’avions jamais vécus avant. Ces deux témoignages nous redisent que lorsque la fragilité, la mort débarquent dans notre vie, la grâce n’est jamais loin. Il y a des larmes, mais bien souvent des rires, des moments de silence où nous tenons la main de celui que nous aimons, et nous en ressentons l’intensité.

Nous sommes plus forts quand nous sommes ensemble. Trop souvent avec ceux qui conduisent les funérailles, nous rencontrons des familles marquées par les divisions, les blessures et le manque de communion. Je veux attirer votre attention sur le mur de l’église Saint-François d’Assise. Quand l’église a été construite, il a été proposé aux familles du quartier d’acheter une pierre de taille. Aujourd’hui, quand nous regardons ce mur, ce que nous voyons ce sont toutes les familles du quartier, les enfants de Dieu rassemblés autour de la croix. Cette communauté n’est pas parfaite, mais nous essayons de soutenir nos frères et sœurs qui combattent la maladie, ou vivent un décès.

Dieu n’est pas loin. Oui, nous pouvons lui faire des reproches, comme Marthe qui dit Si tu avais été là notre frère ne serait pas mort. Si on trouve ces reproches dans la Bible on peut bien se le permettre nous aussi : mais Dieu que fait-il ? pourquoi il n’exauce pas nos prières ? La réponse est là : La croix nous redit que le Fils de Dieu est aussi une victime de la souffrance, de la brutalité, et c’est dans sa résurrection qu’il en sort vainqueur. Dans l’accompagnement des mourants, il nous arrive de percevoir cette puissance de vie à l’oeuvre de façon cachée mais réelle.

Père Benoît LUQUIAU.